LES MOTS
Mes palimpsestes intègrent les mots qui devraient être gravés au frontispice de chaque matin. Ceux qui devraient toujours sonner comme des rappels, comme des alertes. Ceux qui devraient figurer sur toutes les bannières, parce qu'ils nomment l'essentiel, et que l'essentiel doit toujours être considéré comme menacé. Il doit être défendu. Clamé. Revendiqué.
LIBERTÉ! PAIX! AMOUR! POÉSIE! ESPOIR! BONHEUR!
Les mots, pris dans les strates des collages, sonnent comme autant de revendications. Ils expriment à la fois un cri et une alerte. Ils se font l'écho des graffitis inscrits sur les murs du temps. Les graffitis de l'Antiquité aux façades des temples. Sur les paroisses des cavernes, sur les rochers près des sources sacrées, sur les murs des villes, gravés dans le bois des arbres séculaires ou griffonnés sur la tapisserie d'une chambre d'enfant...
Il suffit d'ouvrir n'importe quel livre d'Histoire, il suffit d'écouter ou de lire les journaux d'actualités pour saisir à quel point il y a toujours urgence à prendre parti pour la liberté, la paix, l'amour, la poésie, l'espoir, le bonheur... Chacun à sa façon, chacun avec les armes dont il dispose.
Nommer, c'est prendre parti. Prendre parti pour le mot, avant que ce qu'il nomme ne soit soit confisqué.
La vigilance est un devoir, une nécessité vitale, pour tout être humain de bonne volonté. Donc pour l'artiste.
Le combat est sans fin. Sans fin, mais pas sans problème.
OD
LAS PALABRAS
Mis palimpsestos incorporan las palabras que deberían estar grabadas en el frontispicio de cada mañana. Las que siempre deberían sonar como recordatorios, como alertas. Las que deberían figurar en todas las banderas, porque nombran lo esencial, y lo esencial siempre debe considerarse amenazado. Debe defenderse. Proclamarse. Reivindicarse.
¡LIBERTAD! ¡PAZ! ¡AMOR! ¡POESÍA! ¡ESPERANZA! ¡FELICIDAD!
Las palabras, atrapadas en las capas de los collages, suenan como reivindicaciones. Expresan a la vez un grito y una alerta. Se hacen eco de los grafitis inscritos en las paredes del tiempo. Los grafitis de la Antigüedad en las fachadas de los templos. En las paredes de las cuevas, en las rocas cerca de las fuentes sagradas, en los muros de las ciudades, grabados en la madera de árboles centenarios o garabateados en la tapicería de la habitación de un niño...
Basta con abrir cualquier libro de Historia, basta con escuchar o leer los periódicos para comprender hasta qué punto sigue siendo urgente tomar partido por la libertad, la paz, el amor, la poesía, la esperanza, la felicidad... Cada uno a su manera, cada uno con las armas de que dispone.
Nombrar es tomar partido. Tomar partido por la palabra, antes de que lo que nombra sea confiscado.
La vigilancia es un deber, una necesidad vital, para todo ser humano de buena voluntad. Por lo tanto, también para el artista.
La lucha es interminable. Interminable, pero no sin salida.
OD
